Contre la normalisation étatique et religieuse1

Difficile de ne pas avoir entendu ou vu le Vatican se scandaliser en dénonçant les États qui veulent désormais reconnaître le mariage entre homosexuelLEs. Entre autres, l'État canadien veut présenter un projet de loi à la cour suprême et ensuite au parlement, pour tenter de changer le concept du mariage pour que dans la définition des liens du mariage, homme et femme soient remplacés par deux personnes. Une proposition qui reste bien mitigée au sein même du cabinet libéral, et catégoriquement réfutée du bord de la sacro-sainte église catholique.

Église vs État

C'est le début d'une grande querelle qui oppose l'Église et l'État. Le combat qui se poursuit entre les lois divines et les lois civiques. Une guéguerre qui polluera encore longtemps l'actualité mass-médiatique. Les coups fusent de toutes parts. Tandis que les politiciens veulent paraître comme des personnages politiques du nouveau siècle, en renonçant aux vieilles morales ancestrales, un évêque canadien a condamné Chrétien à aller en enfer s'il ne changeait pas d'avis. Au même titre, les prêtres de Winnipeg ont lancé une contre-campagne en lisant une lettre de leur archevêque à la messe du dimanche visant à inciter les paroissiens à protester contre la proposition de loi. Qu'ils aillent donc tous en enfer et qu'ils nous laissent en paix.

Faut croire que cette fois, l'État canadien veut redorer sa crédibilité libérale en acceptant le mariage gai. Plus rien à perdre.. Surtout pour un pays qui se dit d'une sociale démocratie. Et surtout pour un premier ministre qui quittera son poste très bientôt. Quoi de mieux pour donner l'impression aux gens qu'on a fait de bonnes choses pour le "peuple" pendant sa carrière politique. Tactique et stratégie bien analysées pour faire oublier toutes les dégueulasseries qu'on a fait subir à coup de coupures dans les programmes sociaux, de corruption généralisée et de mensonge permanent. Rien de mieux pour conserver une belle image et le calme du troupeau qui suit silencieusement.

Quelle absurdité de voir que l'Église ose encore venir mettre son grain de sel. Après qu'elle eut levé le bras avec les Hitler, Mussolini et Franco, après tous les scandales de pédophilie qui sont sortis au grand jour concernant beaucoup de prêtres. Que le Vatican décrive le mariage homosexuel comme étant un acte immoral, ce n'est pas surprenant. Comme la femme dans presque toutes les religions, les homosexuelLEs sont perçuEs comme des êtres inférieurEs, presque diaboliques. Quand on s'oppose à la contraception, aux préservatifs, à l'avortement, au divorce, il va de soi que l'homosexualité est un péché qui ne verra point de salut. Puisque la femme a toujours été perçue comme incubatrice d'enfants dans les sociétés patriarcales, on remarque bien que le mariage et la famille sont inter-reliés, ne laissant aucune place à une sexualité non reproductrice. Pour l'Église autant que pour l'État, le mariage est d'abord et avant tout une institution familiale qui sert à perpétuer une unité productive dans la société, la famille étant la cellule de base de l'État.

Le Mariage

Le mariage comme la famille, la religion comme les lois civiques, servent les intérêts de l'Église et l'État au détriment des populations. Le contrôle religieux, comme le contrôle social, sert à faire rouler correctement cette société patriarcale, capitaliste et étatiste qui sert à maintenir et à justifier toutes les hiérarchies qui divisent notre société en deux classes.

Peu importe le sexe des deux partenaires, que l'union soit religieuse ou civile, le mariage n'est en fait que l'étatisation, le contrôle, la légalisation et le monnayage des sentiments. La reconnaissance des mariages entre «conjoints de même sexe» tient plus de l'aménagement du chenil étatique que de sa remise en cause. Même si pour les ferventEs défenseurEs du droit au mariage gai, cette légalité servirait à acquérir certains droits sociaux, qu'ils ont le droit d'avoir au même titre qu'un homme et une femme, il reste que le mariage n'est qu'une vieille tradition débilitante qui devrait appartenir au folklore.

Pour beaucoup de gens, le mariage sert à être une garantie de l'amour que deux êtres portent l'un envers l'autre, mais plus souvent qu'autrement, c'est une garantie économique. Par exemple, un des conjoints est certain, muni d'un contrat de mariage, d'avoir droit à la moitié des biens de leur union, et cela sans trop d'effort de négociation, légalité oblige. Aussi, il ne faut pas oublier qu'il existe un marché du mariage. Certains commerces ne vivent que pour la célébration d'événements du genre. Les designers de robes et de costumes pour homme, les bijoutiers, les traiteurs, les fleuristes, un marché qui doit être aussi lucratif que celui des funérailles !!!

Parce que nous ne sommes pas homophobes, mais aussi parce que nous voulons briser tous les ghettos, toutes les discriminations dues à l'orientation sexuelle et parce que nous croyons que de définir une personnes de par "avec qui elle couche" est ségrégationnel, borné et nécessairement discriminatoire, nous croyons que tous les êtres humains doivent être sur le même pied d'égalité. Que les mariages soient hétérosexuels, homosexuels, polygames, c'est encore et toujours : l'intégration étatique, l'aliénation religieuse, la misère sexuelle, la peste émotionnelle, la prison domestique, un rempart de la société capitaliste.


1 Éditorial du numéro 19 du journal "Le Trouble". Si vous avez aimé cet article, vous aimerez sûrement le journal Le Trouble d'où il est extrait. Le no 19 --16 pages de news et d'analyses!-- est actuellement disponible aux endroits habituels (y'a une liste sur le site http://www.tao.ca/~letrouble). Mais le meilleur moyen de nous soutenir reste de vous abonner. -8 numéros pour 15$ piasses, Fait ton chèque ou mandat poste à l'ordre du Trouble. Le Trouble, C.P.St-André, B.P. 32018, Montréal, Québec, H2L 4Y5.

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