l'AIT et la Commune de Paris, 1870 / 1871
Association Internationale des Travailleurs. Déclarations de la section Parisienne de l'AIT
En présence de la guerre fratricide qui vient d'être déclarée pour satisfaire l'ambition de notre ennemi commun, de cette guerre horrible dans laquelle sont sacrifiés des milliers de nos frères , en présence de la misère , des larmes, de la famine menaçante... nous protestons au nom de la fraternité des peuples contre la guerre et ses auteurs et nous invitons tous les amis du travail et de la Paix à assurer ainsi la liberté du monde.
Vive les peuples, à bas les tyrans !
1870, Association Internationale des Travailleurs
Conseil fédéral des sections Parisiennes
Travailleurs,
Une longue suite de revers, une catastrophe qui semble devoir entraîner la ruine complète de notre pays , tel est le bilan de la situation créée à la France par les gouvernements qui l'ont dominée. Avons-nous perdu les qualités nécessaires pour nous relever de cet abaissement ?
Sommes-nous dégénérés au point de subir avec résignation le despotisme hypocrite de ceux qui nous ont livrés à l'étranger et de ne retrouver d'énergie que pour rendre notre ruine irrémédiable par la guerre civile ?
Les derniers événements ont démontré la force du Peuple de Paris, nous sommes convaincus qu'une entente fraternelle démontrera bientôt sa sagesse. Le principe d'autorité est désormais impuissant pour rétablir l'ordre dans la rue, pour faire renaître le travail en atelier et cette impuissance est sa négation.
L'insolidarité des intérêts a créé la ruine générale, engendré la guerre sociale ; C'est à la liberté, à l'égalité, à la solidarité qu'il faut demander d'assurer l'ordre sur de nouvelles bases, de réorganiser le travail qui est condition première.
Travailleurs, La révolution communale affirme ces principes , elle écarte toute cause de conflit dans l'avenir. Hésiterez-vous à lui donner votre sanction définitive ?
L'indépendance de la Commune est le gage d'un contrat dont les clauses librement débattues feront cesser l'antagonisme des classes et assureront l'égalité sociale. Nous avons revendiqué l'émancipation des travailleurs et la délégation communale en est la garantie car elle doit fournir à chaque citoyen les moyens de défendre ses droits, de contrôler d'une manière efficace les actes de ses mandataires chargés de la gestion de ses intérêts et de déterminer l'application progressive des réformes sociales. L'autonomie de chaque commune enlève tout caractère oppressif à ses revendications et affirme la République dans sa plus haute expression.
Nous avons combattu, nous avons appris à souffrir pour notre principe égalitaire, nous ne saurions reculer alors que nous pouvons aider à mettre la première pierre de l'édifice social. Qu'avons-nous demandé ?
L'organisation du Crédit de l'Echange, de l'Association afin d'assurer au Travailleur la valeur intégrale de son travail. L'instruction laïque et intégrale ; le droit de réunion et d'Association, la liberté absolue de la Presse, celle du citoyen ; l'organisation au point de vue municipal des services de police, de force armée, d'hygiène de statistique, etc.
Travailleurs, Nous avons été dupes de nos gouvernants, nous nous sommes laissé prendre à leur jeu alors qu'ils caressaient et réprimaient tour à tour les factions dont l'antagonisme assurait leur existence. Aujourd'hui le peuple de Paris est clairvoyant, il se refuse à ce rôle d'enfant dirigé par le précepteur et dans les élections municipales, produit d'un mouvement dont il est lui-même l'auteur, il se rappellera que le principe préside à l'organisation d'un groupe, d'une association est le même qui doit gouverner la société entière et comme il rejetterait tout administrateur, président imposé par un pouvoir en dehors de son sein, il repoussera tout maire, tout préfet imposé par un gouvernement étranger à ses aspirations.
Il affirmera son droit supérieur au vote d'une assemblée de rester maître dans sa ville et de constituer comme il lui convient sa représentation municipale sans prétendre l'imposer aux autres. Dimanche 26 mars, nous en sommes convaincus, le peuple de Paris tiendra à l'honneur de voter pour la Commune.
Les délégués présents à la séance de nuit du 23 mars 1871

les canons repris par les Fédérés le 18 mars (place de Clichy)
Le conseil fédéral des sections parisiennes, la chambre fédérale des sociétés ouvrières : A propos de la création du comité de salut Public.
Considérant que l'institution d'un comité de salut public aura pour effet essentiel de créer un pouvoir dictatorial qui n'ajoutera aucune force à la Commune Attendu que cette institution serait en opposition formelle avec les aspirations politiques de la masse électorale dont la Commune est la représentation. Attendu en conséquence que la création de toutes dictatures par la Commune serait de la part de celle-ci une véritable usurpation de la souveraineté du peuple, nous votons contre.
Paris le 2 mai 1871 :
Andrieu, Langevin, Ostyn, Vermorel, V. Clément, Theiz, Sérailler, Avrial, Malon, Lefrançais, Pindy, Courbet, Girardin, Clémence, Arnould, Beslay, Vallès, Varlin, Jouve.
Considérant que l'établissement du comité de salut public est une atteinte portée aus droits que les membres de la commune tiennent de leurs électeurs, je vote contre .
A. Clémence
Je ne crois pas à l'efficacité du Comité de Salut public. Ce n'est qu'un mot et le peuple s'est trop longtemps payé de mots. Je vote contre.
A Vermorel
Je vote contre parce que je n'aime pas les défroques inutiles et ridicules qui loin de nous donner de la force, nous enlèverons celle que nous avons.
G. Tridon
Ne croyant pas non plus aux mots sauveurs qu'au talismans et aux amulettes, je vote contre.
Ch. Longuet
Considérant que le comité de salut public est une institution dictatoriale incompatible avec le principe essentiellement démocratique de la Commune, je déclare ne pas prendre part à la nomination de ses membres
G. Langevin

Paris le 4 mai 1871


Affiche de la Fédération Anarchiste pour le centenaire de la Commune