Il faut une mobilisation des citoyens à l’échelle mondiale1

Interview de Raymond Legault, Porte-parole du Collectif Échec à la guerre, Montréal. Propos recueillis par Marthe Martel

Raymond Legault a accepté de répondre à nos questions. C'était l'une des voix qui s'élevaient au dessus de la foule, lors des grandes manifestations contre la guerre en Irak, l'hiver dernier, à Montréal. Des manifestations organisées par le Collectif Échec à la guerre qui regroupe quelque 200 groupes et organismes. Ces manifestations faisaient écho à celles qui se déroulaient simultanément à travers le monde entier. Les peuples de la terre disaient Non à la guerre. Et la guerre des États-Unis et de l'Angleterre contre l'Irak a eu lieu. Et les agresseurs se présentent aujourd'hui comme les libérateurs. Mais le discours de Raymond Legault n'a pas changé. Ses paroles, qui faisaient leur chemin, claires et justes, dans la tête et le cœur des manifestants, demeurent vraies : " La guerre contre l'Irak était une guerre injuste, illégale, immorale." Et l'occupa-tion l'est tout autant. Raymond Legault précise : il est l'un des porte-parole du Collectif Échec à la guerre et non le seul. Et ses réponses à nos questions ne représentent pas nécessairement toujours la position Officielle du collectif.

Raymond Legault, pouvez-vous nous rappeler quel est le rôle d’Échec à la guerre?

Le collectif a été mis sur pied en octobre 2002 essentiellement pour organiser la mobilisation contre les préparatifs de guerre déjà évidents à ce moment là. Il y a eu six manifestations.

Compte-tenu que la guerre en Irak a tout de même eu lieu, pensez-vous que ces manifestations ont servi à quelque chose?

Notre objectif premier était d'empêcher que la guerre ne commence. A ce niveau là, nous n'avons pas réussi. Mais je pense que les manifestations ont donné un certain nombre de résultats aux niveau international et canadien. Au niveau international, certains pays ont eu les mains liées pour ce qui est d'appuyer la guerre. L’Espagne et l'Italie ont fait partie sur papier de la coalition de George Bush mais, en pratique, ces pays n'ont pas envoyé d'effectifs militaires. En Angleterre, il y a eu toute une tempête dans les rangs du Parti travailliste et, ce n'est pas fini. Cela risque de malmener très fort, et peut-être même de faire tomber, ce gouvernement. En Turquie, les États-Unis pré-voyaient déployer des troupes au sol et envahir le nord de l'Irak via ce pays. Ça ne s'est pas fait parce que 95% de la population était contre la participation à la guerre. Le gouvernement n'a pas obtenu la majorité absolue et n'a pu autoriser les troupes américaines à débarquer sur son territoire. Au Canada, Je pense que c'est la mobilisation qui a amené jean Chrétien à dire, en paroles, "on ne participe pas à la guerre". En pratique, cela a été différent...

Pourquoi dites-vous que cela a été différent en pratique?

C'était très hypocrite comme position. Grâce à des informations, provenant entre autres, de Richard Sanders de Coalition to Oppose the Arms Trade, qui est une coalition pan-canadienne qui suit l'intervention du Canada au plan militaire, nous avons un autre portrait de la situation. Ces informations ont fait l'objet d'un article publié dans le journal Globe and Mail.

Le Canada participait déjà à des rencontres, à haut niveau, avec le Central Command américain, en Floride, pour planifier la guerre. Après qu'une partie du quartier général eut été déménagée au Qatar, on y a retrouvé encore des officiers canadiens. Depuis plusieurs années, on avait une frégate canadienne, qui faisait partie d'une force d'interception maritime dans le cadre des sanctions contre l'Irak. Après le 11 septembre, et la dite "guerre contre le terrorisme" lancée par l'administration Bush, on a augmenté notre présence navale dans le Golfe persique. Pendant la guerre, on y avait trois frégates et un destroyer. C'était un officier canadien qui coordonnait l'intervention d'une douzaine de pays au niveau naval. Le Canada a toujours prétendu qu'il agissait dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et non d'une participation à la guerre mais, dans les faits, on escortait des Porte-avions américains dans le golfe arabo-persique. On effectuait des tâches normales de guerre.

Par ailleurs, on avait des militaires canadiens à bord d'avions-radar qui servaient à surveiller si toutes les cibles avaient bien été atteintes. Certains soldats canadiens participaient aussi carrément à des tâches de combat, dans des chars d'assaut. Il s'est dit beaucoup de choses là-dessus : c'était un petit groupe ... c'était considéré comme des échanges. C'est bizarre, même quand le pays ne participe pas à la guerre, l'échange a lieu... !!

Toujours au sujet de l'impact des manifestations, ne peut-on pas dire que l'on a assisté à une première en terme de mobilisation mondiale et que cela est en soi positif ?

Un tel mouvement, d'une telle ampleur et synchronisé à l'échelle mondiale, était effectivement complètement nouveau. Des manifestations de cette ampleur ne s’étaient jamais vu auparavant. Même pendant la Guerre du Vietnam, il n'y a jamais rien eu de tel au plan mondial. Cela montre qu'il y avait une prise de conscience très forte, chez une très grande partie des populations à travers le monde, que quelque chose de très anormal était en train de se produire, en terme de légalité au niveau international. C’est bon à constater... mais nous avions certains objectifs; et cela ne nous a pas permis de les atteindre tous, loin de là.

Après avoir vu à la télé des Irakiens heureux de faire tomber la statue de Saddam, pensez-vous que vous avez eu tort de vous opposer à la guerre?

Certainement pas. Je pense qu'il y avait certainement beaucoup d’Irakiens qui étaient contents de la fin du régime de Saddam Hussein. C'était une dictature particulièrement brutale, donc tout ce qui était mouvement d'opposition politique était réprimé de façon incroyable. Par ailleurs, je pense que ce que l'on a vu dans les médias, sauf pour la portion kurde dans le nord de l'Irak - où il y a eu, je crois, de vraies manifestations de joie spontanée – c'était des images artificielles. À Bagdad, il devait sûrement y avoir plein de monde qui se réjouissait. Mais ce que l'on nous a montré n'était pas particulièrement impressionnant : peut-être 200 personnes, sur une grande place, dans une grande ville de cinq à six millions d'habitants.

Pensez-vous que la majorité des Irakiens se sont réjouis de la fin du régime de Saddam?

J'ai l'impression qu'ils étaient contents et, en même temps, qu'ils étaient atteints, ébranlés par les bombardements. D'autre part, la présence même des armées américaine et britannique sur leur sol était pour eux un grand sujet d'inquiétude dès le départ. Je vois ça comme quelqu'un qui était atteint d'une maladie grave, qui en est guéri, mais qui découvre qu'il en a une autre tout aussi grave. Cette satisfaction de ne plus avoir cette première maladie décrit--elle complètement son état ? Pas du tout!

Les États-Unis sont-ils vus comme des libérateurs ou des occupants?

D'ici, c'est difficile.. à juger. Le journaliste indépendant, Robert Frisk, qui écrit pour The Indépendant en Angleterre et qui connaît la région depuis longtemps, a très rapidement constaté que, pour la population, de façon générale, c'était vu comme une occupation. Lors du grand rassemblement chiite, qui a eu lieu fin avril à Kerbala, personne ne semblait considérer les États-Unis bienvenus. Certains étaient satisfaits que le régime ait été renversé et le disaient. D'autres se montraient carrément hostiles. Mais même les personnes satisfaites que le régime ait été renversé considéraient que le rôle des États-Unis était terminé. Il y a eu des confrontations à certains endroits. Dans certains cas, on a dit qu'il s’agissait de Chiites qui protestaient parce qu'ils veulent une république islamique; dans d'autres cas, on a dit que la manifestation avait eu lieu dans une ville sunnite où il y avait beaucoup de soutien pour Saddam. Les armées américaines et britanniques vont dépeindre tous leurs opposants comme des gens auxquels ils ne faut pas prêter attention. tous les occupants ont toujours fait ça.

Comment interprétez-vous le pillage qu'il y a eu après la prise de Bagdad?

Un certain nombre de rapports indiquent que cela a pu même être encouragé par l'armée américaine. Un photographe européen a dit avoir vu, à deux reprises, des chars lancer des obus dans des portes de grands édifices pour ensuite appeler les gens à y entrer. Certains ont vu des incendiaires agir sous le regard de soldats américains impassibles. Non seulement cette guerre n'était pas autorisée au plan international, mais en plus n'importe quelle puissance d'occupation, qui prétend avoir une certaine légitimité à occuper temporairement un autre pays, est supposée voir au bon ordre public, voir à ce que la population soit en sécurité. Il s'agit d'une autre violation des normes internationales.

Pourquoi ce laisser-faire, parce que les intérêts des Américains étaient ailleurs?

Oui, leurs intérêts étaient ailleurs. Les puits de pétrole ont été très protégés dès le départ. Deux ministères ont été hyper-protégés : le ministère de l'industrie pétrolière et celui de l'intérieur, qui était l'appareil de répression du régime irakien. Pour le reste, c'était peut-être un laisser-faire pour que s'installe un chaos et que cela justifie d'une certaine façon la présence d'une force militaire pour faire régner l'ordre. C'est une hypothèse... Mais certainement que cela a été réfléchi.

Dans son discours fait le 1er mai, lors duquel il a déclaré que "l'es-sentiel des combats était terminé", Bush a dit : "Dans cette bataille, nous avons combattu pour la liberté et la paix dans le monde". Qu'en pensez-vous?

À Échec à la guerre, nous considérions, dès le départ, que l'Irak n'était absolument pas une menace crédible pour les États-Unis. Ce pays n'avait jamais menacé les États-Unis d'utiliser contre eux des armes chimiques, biologiques ou nucléaires.

Le simple fait qu'il n'y ait pas eu même une possibilité d'avoir une entente sur cette guerre-là au Conseil de sécurité de l'ONU montre que même des pays comme la France, l'Allemagne, la Russie, qui normalement coopèrent avec les États-Unis dans leurs projets, ont commencé à percevoir la nouvelle situation comme un danger pour eux-mêmes; ils ont pensé qu'ils seraient de plus en plus écartés des décisions, des actions, leur rôle étant d'approuver automatiquement...

Le président français a été averti de ne pas chercher à constituer un bloc militaire européen qui pourrait éventuellement rivaliser avec l'OTAN, être un contrepoids militaire à la puissance des États-Unis. La politique officielle des États-Unis, c'est d'être complète-ment dominant au plan militaire et de ne laisser aucun autre pays défier cette domination. Toutes leurs politiques, depuis quelques années, sont très axées sur l’utilisation de leur supériorité militaire pour avancer leurs intérêts dans le monde.

Depuis que la guerre est terminée - maintenant il s'agit d'une occupation - on n'a pas cessé de glorifier l'armée aux États-Unis. Bush s'est rendu dans plusieurs grandes entreprises militaires qui fabriquent des chars d'assaut, des missiles, etc. pour prononcer des discours. Le 1er mai, il a fait son discours sur un Porte-avions. On assiste à une glorification de la force militaire qui donne l'impression qu'elle va servir encore bientôt.

Bush a aussi dit "La libération de l’Irak est une victoire contre le terrorisme"...

Depuis que cette dite guerre contre le terrorisme est commencée, 'toutes les tentatives de relier l’Irak à des réseaux terroristes ont échoué. Maintenant qu'ils ont le contrôle exclusif du pays, il est possible qu'ils cherchent à forger d'autres preuves. De toute façon, depuis le 11 septembre, plusieurs organisations font l'analyse que la guerre contre le terrorisme est seulement un paravent pour mener des agressions contre des régimes qui ne se plient pas aux volontés de la super-puissance américaine. C'est ce qui s'est passé dans le cas de l’Irak.

Cette guerre ne va-t-elle pas plutôt augmenter le terrorisme dans les faits?

Je pense que ça va conduire nécessairement à ça. Les populations arabes et musulmanes se sentent humiliées. Et comme leurs gouvernements ne servent pas leurs intérêts, c'est dans des réseaux parallèles que les gens expriment leur rage, leur frustration et essaient de se venger. S'il y avait des gouvernements dans un certain nombre de pays arabes qui étaient plus proches de leurs populations, qui exprimaient davantage leur volonté, ça créerait moins de place pour des réseaux de terrorisme.

Face à la super-puissance américaine, est-il possible d'agir comme citoyen ou sommes-nous impuissants?

Il y a tout à faire. Mais de quelle façon va-t-on éventuellement réussir à arrêter cette grosse machine? À Échec à la guerre, nous sommes convaincus qu'il faut une mobilisation citoyenne à l'échelle mondiale. Mais il ne faut pas cibler en priorité, directement, le gouvernement américain. Le gouvernement américain essaie d'obtenir l'appui d'autres gouvernements. Il compte alors sur eux pour réprimer leurs populations, lorsque celles-ci menacent les intérêts américains. Les mouvements dans les divers pays doivent cibler leurs propres gouvernements en priorité pour les forcer à s’opposer aux politiques américaines

Mais, qu’est-ce qu'on est prêts à sacrifier à nos idéaux? L’économie du Canada est très intégrée à l'économie américaine y compris au niveau militaire. Sept sur dix des plus grandes entreprises de production militaire canadiennes opèrent à Montréal. Est-ce que les gens de la région de Montréal sont prêts à regarder ça de façon sérieuse? Est-ce qu'on est prêts à envisager que ces industries soient converties en autre chose ou bien si, dans une période où il va se faire de plus en plus de guerres, on considère que ça va nous amener de plus en plus d'emplois et de prospérité et que l'on va plutôt miser là-dessus? Ce sont d'importantes questions et ça peut faire en sorte que le mouvement d'opposition à la guerre soit moins fort que cela serait nécessaire. De grandes corporations vont mettre le paquet pour dénoncer le mouvement contre la guerre comme étant composé des gens complètement naïfs qui ne comprennent rien à rien. Dans quelle mesure ce message va porter? C'est ça l'enjeu. Il y a une lutte d’intérêts. Tout le monde n'a pas nécessairement envie de sacrifier son niveau de vie actuel à des principes.

À ce moment-là, se retrouve-t-on dans un cul-de-sac ou il reste quelque chose à faire?

Tout ça est à construire. C'est en construisant un mouvement solide, à moyen et - à long terme, contre cette militarisation de la politique étrangère, que l’on va découvrir nos forces. je ne suis pas découragé. je pense que beaucoup de gens tiennent à certaines valeurs. Mais il faut qu'ils aient la vraie information et ça, c'est toute une bataille. La question n'est pas de se demander s'il y a quelque chose à faire, mais comment on va le faire.

Comment voyez-vous le rôle d'Échec à la guerre à partir de maintenant?

Nous avons encore une liste de revendications concernant l'Irak : mettre fin à l’occupation, substituer à l'armée américaine, le plus vite possible, une force vraiment internationale des Nations Unies. Nous sommes contre une reconstruction qui servirait à s'approprier plein de contrats lucratifs à même les ventes de pétrole irakien, qui ne seraient même pas contrôlées par les Irakiens. Nous avons une série de revendications mais je pense que ce n'est pas suffisant comme raison d'être à moyen et à long terme.

Est-ce à dire que le mouvement sera dissout?

C'est très peu probable. La majorité des gens qui participent régulièrement aux réunions considèrent que ça devrait continuer. On pense même que, dans la région de Montréal et au Québec en général, les populations ont beaucoup d’attentes face aux coalitions qui ont organisé les protestations. Les gens ont vu l'énormité des mensonges qui leur ont été servis pour justifier la guerre. Les raisons pour lesquelles les gens ont réagi existent encore. C'est encore l'agenda de domination militaire des États-Unis qui va marquer les prochains mois et les prochaines années. Ce n'est pas impossible que l'on s'oriente vers un genre de coalition qui va chercher à développer à la fois de l'information et de la mobilisation contre l'hégémonie militaire des États-Unis. Il faudra voir comment faire en sorte que l'industrie canadienne ne participe pas à renforcer cette machine de guerre, comment éviter de nous engraisser alors que d'autres peuples sont agressés... Mais si les Irakiens prennent en main la reconstruction de leur pays, la guerre qui a fait tomber Saddam n'aura-t-elle pas été utile? Raymond Legault répond : "Cette guerre a été menée par les États-Unis pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la volonté de redonner la démocratie à la population irakienne. Donc on ne s'attend pas à ça. On s'attend à un genre de protectorat, à un mandat américain sur l’Irak qui se prolongera pendant des années sous toutes sortes de prétextes jusqu'à ce que les États-Unis soient capables d'installer là des gens sensiblement pareils à ceux qui gouvernent le Koweït et l'Arabie saoudite. Dans ces pays, les compagnies américaines ont des liens avec des capitaux locaux et, une grande partie des profits que font les koweïtiens et les Saoudiens sont réinvestis aux États-Unis même. Les États-Unis vont se retirer s'ils sont capables de mettre cri place, en Irak, un régime complètement servile qui fera en sorte que les corporations américaines pourront faire de gros profits et que les profits qui ne sont pas américains seront réinvestis aux États-Unis. Mais nous doutons qu'ils soient capables d'y arriver. Il y a un fort nationalisme en Irak qu’ils semblent sous-estimer en ce moment. Pour être capable de réaliser ça, ça leur prend pratiquement une autre dictature qui réprimerait très fortement les protestations populaires.. . "

L'Irak au peuple Irakien

Qu'est-ce que Raymond Legault souhaite pour le peuple irakien?

Une intervention réelle et temporaire des Nations-Unies qui viserait à organiser des élections le plus rapidement possible sur la base des forces politiques en présence, afin que, le plus tôt possible, des instances authentiquement irakiennes. prennent les décisions pour les Irakiens. "Les Irakiens eux-mêmes doivent décider à quoi les revenus pétroliers vont servir, quoi reconstruire, selon quelles priorités, avec qui. Les États-Unis son en train d'allouer des contrats avec quel argent? Celui du pétrole et, il ne leur appartient pas. C’est carrément du vol. Il y a plein d'expertise à l'intérieur de l'Irak, il y a plein d’ingénieurs en exil qui sont prêts à revenir dans ce pays pour le bâtir."

L'Iran dans la mire?

"Ce n'est pas impossible que l’Iran soit la prochaine cible des États-Unis. On a l'air de jouer cette carte de plus en plus. On dit que les mouvements de protestation qui viennent des musulmans chiites sont en réalité télécommandés d'Iran. Et qu'il s'agit donc d'une ingérence de ce pays dans les affaires internes de l’Irak signale Raymond Legault. M. Legault considère que cela est loin de décrire la réalité. Il explique : "Dans les mouvements chiites du sud de l'Irak, il y en a qui sont assez près de dont les dirigeants sont en exil en Iran, mais il y en a d'autres qui ne sont pas du tout alignés sur l'Iran. Les Chiites d'Irak, comme les Sunnites, sont arabes. Ils ne sont pas Persans. Et l'on retrouve un certain nationalisme dans une partie importante du chiisme irakien. Face à l'opposition chiite à son régime, Saddam les traitait d'étrangers, parce qu'il n'appartenaient pas à la branche religieuse dominante au niveau politique. C'était une arme qui pouvait attiser les divisions entre les chiites et les sunnites.


1 L’incisif, n°2/2, juin2003.