Pourquoi le cyberpunk ?

PAR Phantom Writer

Si vous n’êtes pas familier avec le mouvement cyberpunk [1]ou ce qu’est le cyberpunk, voici une explication. Même si vous êtes punk, ou pensez l’être, ceci peut changer votre manière de concevoir ce que signifie « être punk » .

Beaucoup de gens, et même quelques punks, vous diront que les cyberpunks forment un mouvement souterrain de pirates informatiques. La vérité est que les cyberpunks sont plus que des hackers. Les cyberpunks sont des écrivains, tels Gibson ou Sterling. Les cyberpunks sont artistes, ou penseurs. La vraie nature du cyberpunk n’est pas d’ordre technique, cette nature est connaissance. Les cyberpunks sont de libres penseurs, ils sont ceux qui savent que quelque chose ne va pas, et que quelque chose doit être fait à ce propos.

Tous les cyberpunks accordent que le pouvoir est connaissance. Ceux qui la possèdent peuvent la cacher ou la répartir mais détiennent le pouvoir. Les cyberpunks croient que la connaissance devrait être libre. Libre pour ceux qui veulent l’entendre. Les cyberpunks ne sont pas là pour le confort de ceux qui veulent rester ignorants ou autosatisfaits. Les cyberpunks sont là pour éclairer et éduquer ceux qui veulent être libres. Les cyberpunks sont vifs et bien informés. Ils n’ont rien à faire avec les minables qui ne sont là que pour le frisson de l’aventure. Les cyberpunks sont très renfermés, ils ne font pas étalage de leurs talents au public, ils préfèrent rester dans l’ombre, leurs messages gribouillés sur les murs, piratés dans l’atmosphère, ou postés sur un BBS.

Les cyberpunks ne sont pas là juste pour les émotions fortes. Il y a assez d’endroits où aller juste pour le frisson. Les vrais cyberpunks ont tous un message à propager. Nous sommes les poètes des rues, les philosophes électroniques. Je ne dis pas que les cyberpunks n’aiment pas les frissons. Beaucoup d’entre nous trouvent amusant de s’introduire dans les systèmes sécurisés, ou excitant de pirater nos messages. Nous ne sommes pas des gosses en train de tout casser autour de nous, nous avons quelque chose à dire, et les moyens de le dire. S’il est une chose qui relie tous les cyberpunks, c’est la technologie. Qu’il s’agisse d’une nouvelle interface Midi [2], d’un nouveau processeur, ou d’un disque dur de cent megaoctets de plus que celui du gars d’à coté, nous partageons une pulsion obscure pour les objets de haute technologie. Les cyberpunks ont un besoin visceral des nouvelles techs. C’est le pain quotidien. Qu’est-ce qu’un cyberpunk sans ses outils, sans son « cyber « , ce n’est qu’un punk. Ce sont les années 90, nous sommes dans la technique. Elle est le véhicule qui apporte la vérité aux oreilles de ceux qui veulent l’entendre.

Beaucoup de gens disent que nous sommes des criminels. Ils disent que nous sommes criminels pour bricoler la sécurité des réseaux privés, pirater la radio et la télé, altérer les lignes téléphoniques. Nous faisons ce que nous sentons juste en notre for intérieur, et non parce que la loi dit qu’il est juste de le faire. Le monde se transforme en enfer, rapidement. Nous nous préparons pour le désastre à venir. Nous ne sommes pas des fanatiques attendant la fin du monde. Regardez autour de vous, l’économie s’effondre, nos ecosystèmes sont en train de mourir, la civilisation s’écroule. Nous pouvons le voir, et nous nous y préparons.

Nous ne forçons personne à vivre d’une quelconque manière. Nous ne vous demandons pas un lavage de cerveau. Nous ne vous demandons pas de cesser de manger de la viande. Nous ne vous demandons pas d’adorer un chef. Nous nous moquons du genre de musique que vous pouvez bien écouter. Nous vous demandons de bien vouloir entendre, apprendre et voir ce qui se passe autour de vous. Nous voulons que vous parliez de votre propre voix et que vous soyez assez braves pour agir quand il sera temps de ficher le camp. Nous ne sommes pas violents par nature, nous croyons que les gens ont le droit de savoir ce qui se passe. Lorsque vous nous privez de ce droit, nous nous réfugions sous terre. Un endroit où nous sommes cachés, capables de surgir pour dire ce que nous avons à dire. Nous ne sommes pas des extrémistes, des punks ou des criminels. Nous sommes la Voix. Ne nous faites pas taire.

PS :

Copyright ( ?) Phantom Writer. Texte trouvé dans les archives du site perso www.osuny.com/ areff/cybertek.html aujourd’hui disparu. Sans date. Traduit de l’anglais par Yves Potin.

[1] L’auteur fait bréférence ici au terme « cyberpunk » dans sens plus large que le courant littéraire de la science-fiction homonyme, dont Bruce Sterling et William Gibson furent les représentant les plus connus. Il fait référence ici à l’ensemble de la contre-culture digitale des années 90 dont le cyberpunk littéraire a été un symbole et un vecteur. Note de samizdat.

[2] Référence au format de numérisation des sons Midi. note de samizdat.